Bordeaux a accueilli à la rentrée le congrès international LCM (Life cycle management), où plus de 600 scientifiques et industriels ont réfléchi à la manière de fabriquer des produits ayant un faible impact environnemental. Focus sur quelques expériences concrètes
La notion de développement durable n’est plus seulement aujourd’hui une conviction citoyenne, politique, c’est aussi désormais un enjeu industriel et sociétal. « Si le rythme constaté aujourd’hui de la croissance mondiale perdure, la plupart des ressources minérales stratégiques seront épuisées en 45 ans« , a récemment alerté le Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) dans un rapport sur l’économie circulaire. D’ailleurs, à Bordeaux, le congrès LCM sur le management du cycle de vie d’un produit a rassemblé pas moins de 600 personnes. Des chercheurs de haut vol, mais aussi de grands industriels tels que Nestlé, Volkswagen, Airbus…, qui sont conscients de la nécessité de changer les paradigmes actuels de production. Ainsi, les premières automobiles ne consommant que 2 litres aux 100 km commencent à voir le jour et préfigurent d’un nouveau monde, qui se veut plus respectueux de la planète. A la demande aussi des consommateurs.
De grands groupes misent sur l’éco-conception pour leur avenir
Dans l’aéronautique et le spatial, la priorité est aussi de réduire l'empreinte environnementale des produits. Par exemple, Airbus Defence &S pace, Herakles (groupe Safran) et Roxel ont créé P2P, une plateforme de gestion de fin de vie des propulseurs à poudre. Un site de démantèlement des propulseurs et une unité de traitement biologique des ergols solides (sur le site Safran Herakles de Saint- Médard-en-Jalles) ont notamment mis en place. Avec l’objectif à terme d’aller vers l’écoélimination des propulseurs à poudre de prochaines générations », précise Ludovic Dariol, R&T Projects Supervisor à Airbus Defence&Space.
Mais aussi des PME locales : l’exemple de Rescoll
C’est le cas notamment de la SRC (Société de recherche sur contrat) Rescoll, dont le siège social est à Pessac en Gironde. Spécialisée dans l’étude de matériaux pour les secteurs de l’aéronautique, du médical et de l’énergie, elle propose, depuis sept ans, systématiquement à ses clients une analyse du cycle de vie de leurs innovations. « Il s’agit de mesurer l’impact environnemental d’un futur produit avec des outils logiciels en analysant les données fournies par nos clients et les nôtres », précise José Alcorta, le patron de l’entreprise, qui emploie 70 salariés et réalise un chiffre d’affaires de 7,5 millions d’euros.
Récemment, Saft, leader mondial des batteries lui a demandé d’évaluer l'empreinte écologique d’une nouvelle batterie. « Nous avons pu constater que le changement du process de fabrication n’avait pas eu de répercussion sur le recyclage en fin de vie de produit. Car, il ne faut pas qu’il y ait un transfert de pollution », prévient Claire Michaud, responsable des activités environnementales de Rescoll. Aujourd’hui, Rescoll est à la pointe du management du cycle de vie d’un produit. « Nous ne sommes que deux laboratoires en France à pouvoir vérifier les données environnementales recueillies après analyse du cycle de vie d’un produit et donc certifier qu’un produit est bel et bien éco-conçu« , met en avant José Alcorta.
Source : Nicolas CESAR pour Cap Sciences
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