Oui, la France doit être fière de l’innovation portée par ses chimistes et ses entreprises. A l’occasion de la cérémonie du Prix Pierre Potier, le ministre du redressement productif Arnaud Montebourg a remis le 12 septembre dernier trois trophées et deux médailles à des industries françaises pour leurs innovations chimiques en faveur du développement durable.
Défis écologiques et solutions chimiques: le Prix Pierre Potier met à l’honneur les chimistes qui œuvrent chaque jour pour trouver des produits et procédés toujours plus respectueux de l’environnement. Un moyen de défendre l’audace, la créativité et le savoir-faire de nos chimistes.
Mais oui, la chimie est D.D. !
Dans la vague de fond du développement durable, la chimie apparaît parfois comme un frein ou un obstacle à la préservation de notre planète. Cette vision courte semble ignorer que le monde de la chimie est aujourd’hui à l’avant-garde de la lutte contre la pollution de l’air, des sols et de l’eau.
Les défis sont immenses et nous concernent tous. Ils ne relèvent pas simplement d’un impératif éthique mais d’un véritable enjeu d’intérêt public. Car le développement économique doit répondre aux besoins des générations actuelles sans compromettre ceux des générations de demain. Face à des procédés industriels et des produits de plus en plus nombreux et complexes le chimiste agit pour trouver des solutions. La recherche est en marche pour innover, trouver de nouvelles sources d’énergie et réduire les impacts sur notre environnement. Le Prix Pierre Potier valorise ces initiatives.
Le Prix Pierre Potier : valoriser la chimie verte « Made in France »
Commençons par un rapide détour sur les origines du Prix. Créé en 2006 par le ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, en partenariat avec la Fédération Française pour les sciences de la Chimie (FFC) et l’Union des Industries Chimiques (UIC), le Prix Pierre Potier récompense des innovations chimiques qui contribuent au respect de l’environnement, en réponse à une demande croissante et légitime de la société. Chacun des lauréats est primé pour sa contribution en faveur de produits et procédés plus sûrs, plus écologiques, mieux recyclés, plus efficaces énergétiquement et faisant moins appel aux ressources fossiles.
Mais d’ailleurs, pourquoi le Prix « Pierre Potier »? Il s’agit d’un hommage à la contribution capitale de Pierre Potier, éminent chimiste et pharmacien, membre de plusieurs académies prestigieuses (Pharmacie, Sciences, Academia Europea) et professeur au Muséum National d’Histoire Naturelle. Pierre Potier incarnait surtout une personnalité très forte, indépendante, et appréciée de tous. Au cours de sa carrière, il a déposé pas moins de 68 brevets et écrit 485 publications ! C’est sa volonté de comprendre et d’imiter les substances produites par les plantes qui lui a permis de créer des anticancéreux tels que Navelbine et Taxotère, médicaments parmi les plus vendus dans le monde.
Le Prix Pierre Potier a acquis depuis sa création une grande notoriété et il est devenu une référence tant pour les institutions que pour le marché industriel international pour lequel il constitue un label. Cette récompense contribue aussi, par sa qualité, à aider les entreprises françaises les plus engagées dans la protection de l’environnement à conforter leur politique de développement. Dans le climat d’incertitude actuel, alors que la création de nouvelles activités et de nouveaux emplois est si cruciale, le Prix Pierre Potier représente un remarquable levier de valorisation du sens de l’innovation de notre secteur chimique.
Soutenir les PME-PMI chimiques qui innovent et investissent pour l’environnement
Parmi la trentaine de dossiers de candidatures reçus cette année, on rencontre à la fois des grands groupes et des PME-PMI. Cette diversité, qui fait la force du Prix Pierre Potier, se retrouve ainsi parmi les lauréats 2012: Arkema, Sanofi, Fermentalg, BASF et Wheatoleo.
Pourtant les petites entreprises sont parfois réticentes à présenter leur candidature. Elles craignent de ne « pas faire le poids » alors qu’avec le Prix Pierre Potier, les grandes entreprises, les PME/PMI et les start-up sont toutes à égalité. Seule compte la démarche éco-responsable en faveur de l’innovation. Pour preuve de cette diversité d’un tissu industriel dédié très actif, je vous propose de citer, en dehors des grands groupes, quelques-unes de ces entreprises primées depuis 2006 : Fermentalg, Wheatoleo, Sophim, Polaris, Novance, Innoveox, CIMV, Dacral, Derivery, Recupyl, Rescoll, Groupe Lapeyre, Trez, Prosign, Quertech ou encore Plant Advanced Technologies.
Afin de mettre à l’honneur nos lauréats 2012, revenons plus spécifiquement sur les PME primées cette année. Fermentalg est une société de biotechnologie industrielle, créée en 2009 et basée à Libourne. Elle a reçu un trophée pour son procédé, unique et breveté, d’exploitation industrielle des microalgues. Cette technologie de rupture, aux applications très variées, vise à produire des molécules d’intérêt (oméga 3, colorants, antioxydants, hydrocarbures …) à partir de microalgues. Wheatoleo a quant à elle reçu une médaille dans la catégorie création de start-up pour sa bioraffinerie qui permet de produire des tensio-actifs à partir de co-produits agricoles. Ces tensio-actifs ont pour originalité d’utiliser le son de blé et des alcools gras végétaux. L’opération de synthèse avec un procédé économe en énergie, sans utilisation de produits fossiles et sans rejet d’effluents.
Obtenir un trophée ou une médaille a un impact direct sur la promotion et la mise sur le marché des applications de ces innovations. C’est un atout supplémentaire, un label qui confère une légitimité, une crédibilité qui rassure les clients au sein d’un marché soumis à une forte concurrence. Il prouve que le projet est solide, qu’il a été mené jusqu’à un stade de développement concret et fiable.
Les candidatures pour l’édition 2013 seront lancées dès cet automne, nous espérons donc retrouver cette diversité de grands groupes et PME-PMI qui est la marque du Prix Pierre Potier !
Maurice Leroy, Président de la Fédération française pour les sciences de la chimie
The Huffington Post