Encouragé par la législation sur l’environnement, le leader français de la fabrication de sièges de bureau –le Basque SOKOA- a substitué, en collaboration avec RESCOLL, les colles néoprène utilisées pour assembler les supports, mousses et tissus constituant les assises et dossiers de ses pièces. La mise en œuvre du nouvel adhésif a nécessité de repenser entièrement la production.
On appelait ça la mine. Des salles aveugles, isolées, bruyantes, impossibles à chauffer, utilisées par SOKOA pour l’encollage des assises des sièges fabriqués sur son site d’Hendaye (Pyrénées-Atlantiques). « Des conditions très pénibles à vivre sur une journée pleine », se souvient Claudine DUPAIN, secrétaire du CHSCT. Prenant conscience du problème, l’entreprise a sensibilisé et impliqué l’ensemble du personnel dans sa décision de changement. Les postes de colle sont désormais répartis en îlots intégrés à la production et éclairés par la lumière naturelle.
Depuis toujours, l’utilisation classique de la colle néoprène entrait dans le procédé de tapisserie au moment de l’assemblage du tissu, de la mousse et du support rigide. Longtemps, cette technique a représenté le standard économique et pratique. L’application de l’adhésif avait lieu dans une enceinte protégée par des murs coupe-feu, les trois salles prévues à cet effet étant ventilées pour pallier les émanations de solvants dues à la consommation importante de colle. 40 000 litres par an au cours des périodes les plus fastes. Un niveau réduit d’un facteur 100 à peine 5 ans après le lancement du programme de substitution des colles solvantées.
Evolution du % avec colle en base solvant chez SOKOA
2004 : 100%
Fév. 2005 : 95%
Août 2005 : 74,90%
Octobre 2005 : 51,60%
Décembre 2005 : 38,80%
Juin 2006 : 18%
Décembre 2006 : 11%
Décembre 2010 : <5%
Quelques rares modèles n’ont toutefois pas encore pu être adaptés au nouveau procédé. Comment l’industriel basque y est-il parvenu ? Chez SOKOA, l’atelier de fabrication comprend une zone tapisserie, où les premiers assemblages permettent d’obtenir les assises et dossiers, et la partie montage, au cours de laquelle les composants structures sous-traités (piétements, mécanismes, vérins, accotoires, coques, …) sont insérés. C’est dans le premier atelier que naît la problématique de substitution, initiée au départ par la nécessité de réduire le rejet de composés organiques volatils (COV) dans l’atmosphère.
Le travail en îlots
« La singularité de notre démarche a été d’aller au-delà en s’interrogeant sur les risques professionnels et les conditions de travail », témoigne Xabi Charriton, responsable technique. « Beaucoup d’entreprises réagissent aux problèmes soulevés par l’utilisation des solvants du fait de la règlementation sur l’environnement plus contraignante que la règlementation en santé au travail », ajoute Philippe Verdeguer, ingénieur-conseil au laboratoire interrégional de chimie de la CRAM Aquitaine. « Notre message fait depuis longtemps la promotion de la substitution de ce risque chimique par un procédé non ou moins dangereux », ajoute son collègue Yves Santa-Maria, contrôleur de sécurité. Dans le cadre de sa recherche de colles en phase aqueuse, SOKOA s’associe à l’entreprise RESCOLL. La règlementation pousse de nombreux fournisseurs de colle à réfléchir à des alternatives. La CRAM Aquitaine et l’INRS sont également sollicités. Rapidement l’étude permet de qualifier les colles envisageables en reprenant –sans a priori- tout le spectre des adhésifs du marché. C’est la colle thermofusible qui est proposée par le laboratoire RESCOLL qui réalise alors une batterie de tests : essais mécaniques de traction, essais de vieillissement climatique … L’INRS émet une simple réserve quant à la possibilité de formation de produits de dégradation au-dessus de 150°C. Compte tenu de sa croissance et de l’augmentation de productivité, SOKOA choisit d’en profiter pour s’affranchir des limites imposées par la configuration des salles de colle.
Source : INRS